La Transylvanie nocturne
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Les loups ne dorment jamais ...
 
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 "Dernier regard" d'Azral

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azral
Pillard Agoraphobe



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MessageSujet: "Dernier regard" d'Azral   "Dernier regard" d'Azral Icon_minitimeVen 13 Avr - 16:27

Le camp
« Encore cette fois je n'y suis pas arrivé », prononçais-je a mis voix. Je regardais au fond de la chope de bois le reflet de cet homme aux sourcils grisonnant qui ne faisaient que renforcer ses traits marqués par les années, cet homme que j'étais devenu. Mais je souriais : tout compte fait, je me reconnaissais mieux dans cette pinte en bois rafistolé qui n'était même plus étanche que dans le plus beau des miroirs, même celui du commandant. Je finis en une dernière rasade le contenu qui me laissa un goût amer au fond de la gorge, avant que le liquide presque pâteux ne se soit entièrement vidé sur la terre battue de la taverne.

Je relevai la tête pour regarder mes compagnons, ou plutôt, ce qu'il en restait. Cela faisait maintenant longtemps, trop pour se rappeler du jour du départ de cette petite maison au nord que j'aurai cru être mon foyer lorsque j'étais encore gamin. Je ne me souvenais plus que des rayons de soleil dans brise matinale maintenant, de ce vent qui un jour changea ma vie. C'était surtout devenu le jour à partir duquel je n'arrivais plus à me perdre dans le réconfort de l'inconscience de l'alcool. Mes camarades n'avaient plus ce genre de soucis maintenant qu'ils étaient dormaient bruyamment des tabourets d'où ils étaient tombés. Je reposais ma pinte pour ajouter la marque de mon passade parmi les innombrables auréoles que la table de chêne possédais déjà, derniers témoins des voyageurs qui abondaient il n'y avait pas si longtemps dans cette région.

Il régnait un étrange silence : je n'entendais aucune voix, rire ou pleur. On avait presque finit par s'habituer à cette sinistre région finalement. Aujourd'hui, les gens ne venaient plus partager de verre après le service, mais juste pour oublier. J'attrapais la porte en soupirant ou plutôt : elle me tint debout alors que ce tapis bien trop épais me faisais trébucher. Décidément, mon corps ne me répondais plus : il était vraiment temps de prendre un peu de repos. Je poussais la lourde planche qui tenait à peine sur ces gonds, ce qui fit brusquement entrer l'air frais de la nuit en réveillant, un peu, mais surtout grogner celui qui élu comme lit le paillasson. Le calme de ces heures contrastait avec l'activité du jour. J'aimais souvent parcourir le camp durant la nuit en faisant semblant de me balader parmi les forêts de tentes. Cela me donnais presque l'impression de ne plus percevoir les écussons et les armes déposées devant toutes ces tentes de fortunes.

Lorsque je rejoignis mon petit pied à terre, le matin pointait déjà à l'horizon et les plus matinaux des hommes d'armes commençaient à s'éveiller. Qu'importe, j'avais encore une heure ou deux de répit avant que mon chef ne vienne me tirer de ma couchette. Je mis plus de temps à me frayer un chemin pour contourner ma caisse de soldat que pour m'endormir. Je me disais des fois que je venais juste d'arriver ici. Pourtant, l'étalage d'objets aussi divers qu'inutiles devant moi venait me contredire. Le temps ne nous fait pas seulement accumuler des objets témoins de nos souvenirs, mais il nous enferme dedans. Sur cette pensée trop sérieuse pour mon état, je décidais de mettre un peu d'ordre dans ce chaos. Ou plutôt l'inverse. Grâce à des gestes aussi souples que réfléchis, je renversais les quelques objets sur de ma malle en tentant d'atteindre mon lit de fortune.


Nuit étoilée
« Je t'ai eu ! » prononçais-je d'une voix pâteuse lorsque j'attrapais le filet qui me permettait de dormir ailleurs que sur des planches de bois. J'étais déjà bien chanceux d'avoir ces quelques fils, peu ici pouvaient s'en vanter. Pendant que je m'allongeais, mes yeux qui me paraissaient déjà si lourds achevaient de se fermer sans ma permission.

Je sentais un mince ruban s'échapper de mon poignet. Je le regardais intrigué, car je n'avais jamais eu ce genre d'ornements sur moi. C'était étrange mais j'avais l'impression que ça me manquait. Je plissais les paupières pour distinguer où était tomber ce ruban sur le sol parmi les herbes mais je n'arrivais pas à le retrouver. Je scrutais ainsi le sol depuis quelques instants lorsqu'elle me parla : j'entendis sa douce voix dans mon dos. Je me retournais pour lui faire face. Mais avant que je ne puisse la voir, le vent sembla l'emporter loin lors de ces années où je la voyais encore.
J'essayais de l'imaginer, mais je ne voyais que ses cheveux, ses longs cheveux noirs. Je n'arrivais à pas la décrire, j'étais comme ébloui. Je ne savais comment exprimer en mots ce qu'elle était pour moi, je n'en étais même pas certain. Que signifiait donc ce silence qui me prenait?

Quelques paroles me parvinrent, je n'entendais qu'à peine ses mots : je du lire sur ces lèvres ce que mon ouïe ne pouvait reconstituer tellement j'étais fasciné par cette vision.
« Ton ruban » prononça-t-elle. Je tendais la main pour l'attraper, elle. Pour essayer de l'étreindre une dernière ou une première fois, je ne savais plus. Sur cette image figée dans mon esprit, j'ouvris les yeux. Je prononçais « Encore cette fois je n'y suis pas arrivé ».

« Il va voir s'il n'y arrive pas ! » entendis-je. Cette désagréable voix ressemblait fort à celle de mon sergent. Un coup méticuleusement calculé pour n'être « que » douloureux dans mes hanches acheva de confirmer cette réflexion. D'autres jurons finirent de me rappeler le caractère exécrable de cet officier. Je me levais avec peine, encore courbaturé, sans avoir vraiment la sensation d'être repose après cette courte nuit. Les premiers sons des soldats qui se réveillent me parvenaient a travers la toile de la tente. D'ailleurs, je jetais un coup d'oeil au dehors pour constater que le soleil ne c'était pas encore levé. Je me tournais vers mon supérieur d'un oeil interrogateur. J'avais appris au moins cela : lui tenir tête ne servirait pas à grand-chose : rien n'était plus précaire qu'un poste d'officier ces derniers temps. Au lieu de me lancer une de ses remarques bien cinglantes, il se retourna et sortit de ma tente. Etrange.

Je prenais quelques instants pour faire un brin de toilette et m'équiper convenablement, si ce mot avait encore un sens ici bas. Avant de sortir à mon tour, je me retournais : j'avais l'impression d'avoir oublier quelque chose. C'est alors que je crus apercevoir un morceau d'un fin tissu rouge dépasser de mon coffre.
« Monseigneur-le-Dandy est-il enfin prêt ? » entendis-je dans mon dos. Je me retournais machinalement pour faire face à mon sergent qui avait la tête dans l'ouverture. « Trop tard » pensais-je, je ne pouvais plus revenir examiner ce curieux tissu. « Je reviendrais » ajoutais-je en sortant de la tente en essayant de me convaincre que je ne me mentais pas.


Une journée de plus
Toute la section était déjà là, c'était étrange. Je rejoignais à pas lents la ligne déjà formée à coté de moi. Je n'avais d'ailleurs pas beaucoup de chemin à parcourir. Je me rangeais ainsi aux côtés de Cheveux Hirsutes : je ne savais toujours pas son nom. Ce n'était pourtant pas faute d'essayer mais je n'y arrivais pas. Je le connaissais pourtant presque bien : la haine particulière de que notre adorable supérieur semblait nous porter nous avait un peu rapprocher. Toutes les pires corvées nous étaient réservées, nous ne savions jamais pourquoi. Je sentis un coup de coude qui me tira de mes pensées. Je tournais prudent la tête en comprenant que Cheveux Hirsutes m'avait averti car pour éviter que notre sergent ne m'incendie s'il voyait mon regard dévier et se perdre au loin.

Ce fut a ce moment que je me souvins pourquoi « chef » était si nerveux ce matin : c'était aujourd'hui le début de « l'Opération ». Tous disaient que c'était pour bientôt mais personne ne savait exactement quand. Je pensais que c'était du flan et je commençais a douter. Je me sentis soudain compatissant pour la pire des crapules, qui n'avait que quelques galons de plus que moi et qui tentait de donner une allure respectable à ces recrues qui croyaient encore que tenir une épée faisait d'eux des soldats, pour cette visite du chef de guerre. Instant de compassion qui disparut lorsqu'il me dévisagea de ce regard emplein de tendresse et me donna l'ordre de remettre en place toutes les tentes de l'unité. J'avais déjà passé des jours à tenter de planter droit un piquet dans ce sol sablonneux sans succès. C'était comme si même la terre ne voulait pas de nous.

Le reste de la matinée ne fut guère plus passionnante : entre deux corvées, je tentais de revenir à ma tente : mais j'étais toujours interrompu avant d'y parvenir. Il m'avait à l'oeil aujourd'hui ce sergent. Je manquais même la visite de notre général : je me retrouvais envoyé à l'extérieur du campement pour d'obscures corvées de bois. Lorsque je revins chargé autant que je pouvais l'être, mon supérieur fondit sur moi l'oeil mauvais en criant plus qu'en articulant pour m'ordonner de laisser tomber mes jouets et rejoindre le reste de la section pour partir de suite en reconnaissance devant de reste l'armée.

C'était donc ça sa promotion du jour : il allait devoir diriger ceux qui avaient une chance sur deux de tomber dans une embuscade avant de pouvoir appeler d'échapper. Il fallait toujours qu'un petit groupe précède les pas du gros de l'armée pour détecter les derniers pièges et guet-apens. Et j'allais l'accompagner dans cette sombre danse avec la mort. « Adieu, étrange Ruban » pensais-je en rejoignant mes compagnons. Je ne savais pas si je vivrais assez longtemps pour revenir à mon coffre.
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azral
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MessageSujet: Re: "Dernier regard" d'Azral   "Dernier regard" d'Azral Icon_minitimeVen 13 Avr - 16:27

La marche
Nous marchions depuis trop longtemps pour me souvenir de l'heure avec mon unité en reconnaissance de notre armée. Depuis le début de cette guerre, on m'avait engagé dans les rangs d'une division que je n'ai jamais vraiment connu, depuis bien trop longtemps. Peut-être que le seul point commun avec mes compagnons, d'infortunes, était ces couleurs violettes argentées sur nos épaulières, symbole de notre foi et honneur. Sombre farce a l'image de cette guerre, beaucoup avaient maintenant le courage plus émoussé que leur lame.

Cheveux Hirsutes laissait pousser ses cheveux pour finalement les couper au bout de quelques mois. Sa coupe était constamment en bataille, mais il en avait assez de se coiffer. Il en avait bien assez de beaucoup de choses, par moment il me disait qu'il avait perdu foi en l'avenir : il ne croyait pas en grand chose sauf en ce que le futur pouvait lui apporter. Pourtant, même cette flamme semblait vaciller ces derniers temps. Ces yeux avaient perdu cette lueur qui le rendait rêveur. Il était devenu songeur.

Sa tenue n'était guère différente de la mienne, une tunique trop souvent recousue recouvrait une côte de maille qui faisait presque parti de nous dorénavant. Quand il m'arrivait de faire quelques pas sans elle, j'avais l'impression qu'il me manquait quelque chose, comme un poids rassurant aux épaules qui aurait disparu. Cette pression était devenue plus rassurante au fil des marches et des combats que les garantis de nos généraux.

L'air devenait lourd et le respirer ne m'aidait pas à reprendre haleine, j'avais l'impression d'étouffer sans rien pouvoir y faire. C'était dans ces moments que je repensais aux champs qui bordaient autrefois ma petite maison. Je n'y avais jamais plus vraiment fait attention a l'époque : tout me semblait si immuable et écrit a l'avance. Mais la réalité était venue me réveiller un matin d'automne.

"En postions et tenez-vous prêt!" prononça notre sergent: une rangée d'arbre venait rompre la monotonie de notre marche, et surtout me sortait de ma nostalgie. Je ne pu m'empêcher de sourire devant cet avertissement aussi dénué de sens qu'évident : c'était un poste parfait pour un guetteur. Je m'exécutais donc en protégeant le flan gauche de notre unité. Je penchais la tête pour scruter ces arbres. Ils étaient suffisamment denses pour ne pas laisser passer un rayon de lumière et les branches basses allaient donner du fil à retordre à quiconque tenteraient de traverser cette sorte de haie. Elle dominait la plaine marécageuse que nous venions de traverser de la hauteur de nos plus grandes lances.

Des arbres comme beaucoup d'autres finalement. Mais une étrange pensée me vint : que faisait ces arbres plantés au milieu d'une prairie abandonnée de tous et même des dieux créateurs. Tout ce que j'avais traversé jusque là semblait dévasté et respirait la mort, alors pourquoi trouvait-on quelque chose de normal ici?

Le geste de mon chef me sorti de mes réflexions en me pointant du doigt "Toi, traverse ces arbustes et revient me faire ton rapport". Je laissais quelques secondes passer en faisant semblant d'avoir compris c'était pour quelqu'un derrière moi, mais le regard du sergent ne fit aucuns doutes. Bon, finalement je ne pourrais pas y échapper cette fois. J'arrivais à pas lourd devant le mur végétal et pris mon courage à deux mains en baissant la tête pour éviter les premières branches.


Le jardin secret
Je fermai les yeux pour me protéger d'une branche que j'avais laissé échapper et qui arrivait tel un fouet sur mon visage me rappeler ma condition d'éclaireur. Mais une seconde plus tard, je ne sentais toujours pas la brûlure de ce floue sur ma peau, j'ouvrais avec méfiance les yeux pour voir où le danger était parti.

C'est ainsi que je pénétrais dans une prairie qui semblait hors du temps. Place onirique perdue dans cette région ayant trop longtemps vécue la guerre. Alors que l'hiver cédait difficilement devant de printemps de l'autre cote des arbres, il semblait qu'on était déjà au printemps ici. Les hautes herbes verdoyantes ondulaient sous un soleil qui réchauffait nos visages et nos coeurs. Seule une fraîche brise nous rappelait l'époque de l'année mais sans nous glacer, elle semblait nous me rafraîchir agréablement tel une fine pluie lors d'une chaude journée de fin d'été. Un étrange parfum émanait de fleurs éparses qui complétaient la féerie du lieu.

Je vacillais en m'arrêtant devant ce spectacle qui occupait tous mes sens, pourtant, je ne savais comment décrire ce que je voyais. Dans un instant de lucidité, je criais "Venez!", mais le son que je produisis me fit presque mal aux oreilles, j'avais eu peur de briser l'harmonie de ce lieu. Je ne faisais déjà plus attention aux bruits dissonants qu'ils produisaient en traversant la haie.

Plus qu'une image ou un souvenir, ce lieu sembla serrer mon coeur. Non, j'avais l'impression de retrouver quelque chose que j'avais perdu. Mes compagnons m'avaient maintenant rejoint faisant disparaître ce lieu sous leurs pas.


Destinée
Je me mis dans le rang de mes compagnons qui semblaient n'avoir rien remarque. Nous gravissimes une petite colline. Arrivé en haut, je contemplais une immense pleine rocheuse recouverte d'herbes éparses. Le soleil commençait déjà à se coucher à l'horizon devant nous, caché derrière des nuages, il projetait sur nous quelques rayons qui n'avaient plus rien de réchauffant. Je sentais le sol vibrer sous les pas de l'armée qui nous suivait. Mais je me trompais : les premiers étendards pointaient loin devant nous, rouge et or, couleurs des ennemis que nous devions affronter.

En un instant, la ligne de l'horizon fut brisée et dans la pénombre du soir, on ne pouvait plus distinguer les soldats du paysage. Ce décor merveilleux que je venais de traverser avait laissé place à une vision cauchemardesque du monde, s'éteignant un soir de fin d'hiver. Notre sergent nous fit face:
"Il est l'heure, nous devons presser nos frères" nous dit-il. Je le regardais un instant me demandant s'il était bien utile d'affronter ici plutôt qu'ailleurs cette armée qui était bien plus importante que la notre.

C'est ainsi que notre petit groupe de six prîmes chacun les longs cors accrochés sur nos dos. Chacun prenant son inspiration, je commençais à souffler dans le puissant instrument. Un son long et monotone s'éleva dans l'air, bientôt rejoint pas d'autres notes à peine plus aigus. C'est un étrange concert que nous donnions, le son faisait vibrer nos corps, trembler nos âmes. Durant un instant, nous avions l'impression de détenir une puissante magie qui nous rendait plus puissant que jamais. Déjà, le sol commençait à résonner lui aussi, répondant à notre appel, même la terre semblait vibrer de toute son âme.

Je reposais l'instrument sur ma poitrine, mais la vibration continuait. Je ne tardais pas à comprendre pourquoi tout semblait entrer en résonance, les cris de nos soldats perçaient déjà derrière nous. Accourant de partout, ils envahissaient notre champ de vision ne laissant que la vue de nos adversaires. Ce paisible champ avait définitivement disparut.

Un instant, je croyais pouvoir gagner, mais gagner quoi? Juste le droit de voir la bataille suivante, d'autres couchers de soleils, d'autres cris dans le fracas étourdissant des armes. Mon unité prenait sa place dans notre armée, tandis que ceux que nous désignons comme ennemis faisaient de même. Les mouvements lents de ces deux masses de soldats formaient un étrange ballet, chacun faisant face à l'autre. Je n'avais jamais vu autant de personnes rassemblées en un même lieu. Cette soirée allait être épique, ou plutôt sera une immense boucherie montrant une fois de plus comment nos techniques pour ôter la vie ne cessaient de s'améliorer.

Ma courte dague avait laissé place à une longue épée légère et souple. Je la sortais de son fourreau en produisant une note métallique. C'est étrange comment une telle chose peut paraître belle : elle reflétait les derniers rayons du soleil mourrant a l'horizon, d'une beauté mortelle.

C'est l'épée à la main que je vis nos officiers traverser les rangs sur leurs montures nous donner les derniers ordres, ordres bien inutiles lorsqu'on a déjà vécu le chaos d'une telle bataille. Les coeurs s'enflamment, les âmes s'oublient, les yeux brillent d'une lueur effrayante lorsqu'on perce le regard de nos ennemis. Il devient difficile de réfléchir dans ce déluge de passions : on ne devient plus que les pantins de nos âmes possédées par le démon de la guerre.

« Tu parles d'une Opération... » Murmura mon sergent plus pour lui-même qu'à mon attention. Je devais bien admettre que j'étais bien d'accord sur ce coup la. Nous nous mîmes ainsi en marche, d'un pas lent sous nos lourdes armures et armes brandies. Ce pas régulier maintient encore les formations pour encore quelques instants, en face, je voyais que nos adversaires en faire de même. Ils semblent sortir des collines sans jamais discontinuer. L'horizon devint noir de soldats, il devenait maintenant difficile de distinguer les ombres des silhouettes. Le soleil se couchait en projetant ces rayons rouges semble annoncer le massacre auquel j'allais participer.


Fin d'un rêve
Dans ces moments, il ne faut penser à rien, surtout pas à l'avenir de ceux qui forment la première ligne, comme mon unité. Je sentais mes mains se crisper sur la garde de l’épée. Une sueur moite à travers les gants en mailles de fer semblait laisser glisser mon arme. Elle était mon unique espoir et la tenir à deux mains pour guider cette longue lame lors des duels me privait d'un bouclier, qui aurait probablement volé en éclat lors de la charge que nous allions effectuer.

Le rythme augmenta, on avançait maintenant au petit trot et les rangs commençaient déjà à perdre de leur continuité, signe du chaos qui allait bientôt régner. C'était étrange : je me sentais calme, je ne sentais plus mes jambes comme si elles semblaient s'animer d'elles même, alors qu'elles n'avaient cessées de m'élancer depuis des heures. Ce n'était pas exactement que je n'entendais plus mes compagnons crier pour se donner du courage, mais je n'écoutais plus. Seul une mélodie confuse me parvenait encore, indissociable du sifflement du vent siffle dans les oreilles.

Et je repensais à ce champ que j'avais vu quelques minutes plus tôt, il me semblait déjà perdus dans des souvenirs lointains, tout comme ce sourire que je n'avais revu depuis trop longtemps. Quelques flocons commençaient à tomber du ciel, plus obscurcit par les flèches en quête de cibles que par les nuages, me tombaient doucement sur mon visage. Cela raviva ce souvenir que je pensais perdu de cette soirée d'hiver où je l'avais revue pour la dernière fois.

C'était une sorte d'euphorie dans laquelle je me perdais. J'essayais de l'explorer pour la comprendre, je me retrouvais devant cette auberge à l'heure des adieux avec mes anciens camarades à la regarder, Elle. Je ne savais pas quoi faire, ou plutôt ce que je devrais faire, je ne saurais jamais. Se retrouver si proche et ne rien pouvoir dire : pourquoi les mots me manquaient ? Pourquoi je n’étais pas capable de le lui dire. Mais dire quoi ? Lorsque je me baissais le regard, c’était pour voir mes pas s'allonger pour aller au pas de charge accompagnant mes frères dans une mêlé dénué espoirs.

Je distinguais déjà l'éclat des lames et des lances du rang me faisant face, dans un casque les yeux de l'homme que je fixais, mon futur adversaire. Tout me semblait aller au ralenti, ou en accéléré, je ne savais plus. Je percevais dans ces yeux plus d'abandon que de courage. Mais n'était-ce pas mes propres yeux que j'observais? C'était une scène surréaliste à laquelle j'assistais plus spectateur qu'acteur, voyant les muscles des mâchoires se crisper pour préparer au choc, mon épée qui me semblait maintenant bien dérisoire s'orienter vers l'homme que j'arrivais à peine à distinguer. Une poussière se levait, nous isolant du reste de la bataille : je me retrouvais dans un monde clos où seul les yeux de mon adversaire comptait. Le temps semblait s'écouler différemment, dans un univers réduit à ce regard. Je ne savais plus exactement qui j’étais, où j’étais. Mais ça n'avait plus d'importance maintenant, cela n'en a jamais eu.

Il versa une larme, une larme qui perlait sur ma joue. Dans ces yeux, je la revoyais. Je la regardais en pensant : "Plus jamais je ne reverrais ces cheveux aux reflets de feu".
Je fermais alors les yeux une dernière fois mais j'avais l'impression de me réveiller pour la toute première fois. J'ajoutais :

« Je veux vivre ! Je veux te le dire. »
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